In memoriam : Fr. Rodolfo Meoli (1938 – 2025)
L’horloge marquait 10h30 du matin, le vendredi 20 juin dernier, lorsque le Frère Rodolfo (Cosimo) Meoli est décédé à l’hôpital Agostino Gemelli de Rome, où il avait été admis en raison d’une grave infection devenue de plus en plus agressive, et qui l’avait contraint à rester au lit durant les dernières semaines dans sa communauté du Colle La Salle. Il avait fêté ses 87 ans le 16 avril dernier.
« Nous quitte un Frère qui a eu un sens religieux profond, animé d’un amour authentique pour sa vocation, dont il comprenait l’importance et la faisait apprécier », a déclaré le Frère Gabriele Di Giovanni, Visiteur du District d’Italie, en évoquant certaines des qualités pour lesquelles le Frère Rodolfo était reconnu tout au long de sa vie : « C’était un homme courtois, tant dans ses manières que dans ses relations : toujours serein, poli, sérieux, mesuré dans ses jugements. Réservé, mais non distant ; attentif sans être intrusif. »
Origines et formation
Fils d’Antonio Meoli et de Nicoletta Capasso, le Frère Rodolfo est né à Cacciano di Cautano (Italie) le Samedi Saint 16 avril 1938, jour où furent également signés les accords entre l’Italie et l’Angleterre sur les questions coloniales. Sa ville natale, située sur le massif du Taburno, dans le sud de l’Italie, est un important centre agricole, célèbre pour sa variété de vignes « aglianico ».
Trois jours après sa naissance, il fut baptisé dans l’église Saint-Andrea, où il fit également sa Première Communion.
Après la guerre, en 1949, il entra à l’Aspirantat d’Albano, entamant ainsi le parcours de formation qui le conduirait à devenir Frère des Écoles Chrétiennes. Après son Postulat à Torre del Greco (Naples), il entra au Noviciat en 1953. Il prononça ses premiers vœux un an plus tard, en 1954, et effectua son Scolasticat au Colle La Salle (1954–1955), suivi d’une formation pédagogique (1956). À 25 ans, il prononça ses vœux perpétuels à Santa Croce al Flaminio (Rome), le 10 août 1963.
Passion pour l’éducation et la musique
Durant ces années-là, en plus des retraites de 20 et 30 jours organisées pour les Frères — pour lui, respectivement en 1957 et 1962 —, le Frère Rodolfo développa sa passion pour le chant grégorien, obtenant son diplôme en 1960. « C’était un excellent organiste, toujours disposé à accompagner les chants de la communauté, et il enseigna la musique pendant plusieurs années », précise le Frère Gabriele.
Dès son jeune âge, il exerça comme enseignant, tout en accompagnant les aspirants Frères entre 1957 et 1960. De 1960 à 1969, il travailla au Collège pour Orphelins de la Sécurité Publique dirigé par les Frères, d’abord comme enseignant, puis, à partir de 1965, comme sous-directeur.
Par la suite, entre 1969 et 1971, il vécut à Acireale. Il y enseigna la musique et obtint une licence en Langues et Littératures Étrangères, avec un mémoire sur Michel de Saint Pierre témoin de son temps, un auteur catholique français largement reconnu à l’époque.
À 33 ans, en 1971, il prit la direction de l’Institut San Luigi d’Acireale. Ensuite, de 1975 à 1981, il fut responsable du collège secondaire San Giuseppe de Rome. Après une période d’études et de renouvellement au CIL (Centre International Lasallien), il fut nommé en 1983 Directeur de l’Institut Bartolo Longo de Pompéi, où il resta huit ans avant de rejoindre le Colle La Salle à Naples.
Ses années de service et de leadership dans de nombreuses œuvres lasalliennes en Italie ne l’empêchèrent pas d’enseigner, tant dans le domaine de la religion que dans ceux des langues anglaise et française.
Postulateur et Procureur Général de l’Institut
À partir de 1994, le Frère Rodolfo rejoignit la Maison Généralice à Rome en tant que Postulateur Général de l’Institut, en charge des procédures canoniques concernant les causes de béatification et de canonisation des Frères « morts en odeur de sainteté », dont beaucoup versèrent leur sang dans le martyre.
De plus, entre 1999 et 2006, il fut Procureur Général, assurant les relations entre l’Institut et le Saint-Siège.
Sous sa direction généreuse en tant que Postulateur — poste qu’il occupa pendant 28 ans jusqu’au dernier Chapitre général — l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes vit croître de manière significative le nombre de saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu.
Le Frère Rodolfo et la sainteté lasallienne
Grâce à son engagement charismatique, le 28 octobre 2007 fut béatifié un groupe significatif de Frères martyrs pendant la Guerre civile espagnole, à Barcelone, Carthagène, Griñón, Madrid-Sacré-Cœur, Tarragone, Tolède et Valence.
De même, le 21 novembre 1999 furent canonisés huit Frères martyrs de Turón : Cirilo Bertrán, Marciano José, Julián Alfredo, Victoriano Pío, Benjamín Julián, Augusto Andrés, Benito de Jesús et Anicet Adolfo.
Outre son accompagnement des positio de nombreux Frères espagnols, son travail fut déterminant pour la béatification du Frère Raphael Louis Rafiringa, le 7 juin 2019, et du Frère James Miller, le 7 décembre de la même année ; ainsi que pour la canonisation du bienheureux Frère Salomón Leclercq, qui a eu lieu le 16 octobre 2016.
Durant son mandat en tant que Postulateur Général, furent également béatifiés trois Frères martyrs de la Révolution française (les “martyrs des Pontons de Rochefort”) : Roger, Uldaric et Léon ; tandis que furent déclarés vénérables les Frères Gregorio Bühl, Alpert Motsch, Andrés Hibernon, Adolphe Chatillón, Victorino Nymphas, Adolfo Lanzuela et Juan Fromental Cayroche (Frère Juanito), fondateur des Sœurs Guadaloupaines de La Salle.
Reconnaissances internationales
« Le Frère Rodolfo considérait les saints lasalliens comme la forme la plus haute de valorisation du monde lasallien », affirme le Frère Gabriele.
Son expertise dans les procédures internes de l’Église catholique pour la reconnaissance de la sainteté d’une personne le conduisit à présider le Collège des Postulateurs à la Congrégation pour la Cause des Saints entre 2013 et 2016, et à parcourir de nombreux pays pour offrir conseils, conférences et témoignages sur le charisme et la sainteté lasalliens.
Parmi les nombreuses distinctions reçues au cours de sa vie, on note le Doctorat honoris causa en humanités décerné par l’Université de Bethléem le 13 juin 2014, ainsi que le prix “Caritatis in Veritate”, catégorie internationale, décerné par l’Académie Vénézuélienne Internationale d’Hagiographie pour l’Italie, le 10 mars 2017.
Un héritage qui demeure
Le vaste héritage laissé par le Frère Rodolfo comprend de nombreuses publications, certaines sur l’histoire de l’ancien District de Rome, d’autres sur la figure du Frère Gabriel Drolin, ainsi que plusieurs traductions vers l’italien, dont le troisième volume des Œuvres Complètes de saint Jean-Baptiste de La Salle.
Mais c’est dans les nombreuses biographies qu’il a rédigées sur les vénérables, bienheureux et saints lasalliens — fruit de recherches approfondies et de révisions documentaires — qu’il a mis en lumière comment ces figures ont « fait leur la Règle des Frères de La Salle, en tirant le meilleur, car ‘ tout faire dans l’esprit de foi ’ n’est rien d’autre que rechercher la perfection de la vie chrétienne, et donc la sainteté, complétée par le ‘ zèle ardent ’ qui vise à servir Dieu dans le prochain, c’est à dire, les jeunes auxquels ils ont dédié leur vie. »
L’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes remercie Dieu pour la féconde vocation du Frère Rodolfo Meoli. Que saint Jean-Baptiste de La Salle et tous les saints et bienheureux lasalliens — pour la glorification desquels il a donné sa vie avec générosité — l’accompagnent dans l’étreinte du Père, pour recevoir la récompense méritée des justes qui ont persévéré dans leur consécration au service de l’Évangile.
Les funérailles du Frère Rodolfo auront lieu le lundi 23 juin à 10h30 au Sanctuaire de saint Jean-Baptiste de La Salle, dans la Maison généralice à Rome, où se trouve également la « Chapelle des Martyrs », qu’il a lui-même conçue et réalisée. Après la célébration, son corps sera inhumé au cimetière du Verano, dans l’espace réservé à la Maison généralice.